Je ne peux plus vous sentir

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Je me contre fiche de sentir. et pourtant...

Pour l’heure c’était la mort que je humais à plein poumon, envahissante odeur tapit dans l’ombre de tout mon être. La mort ça sent le fade, une âpreté douce, une sueur froide qui vient d’un cœur qui vit ses dernières heures, ça transpire par tout les pores de la peau un cœur qui compte les secondes qu’il lui reste. Je trouve cela  pathétique un être humain qui s’agrippe à une miette de vie, ça sent le gilet de sauvetage enfermé dans une malle.

L’homme qui mourrait à quelques mètres de moi se trouvait au bout de la rue que je prends pour rentrer chez moi, un gueux plus communément appelé SDF, il semblerait que cette abréviation soit plus respectable pour la morale sociale. Le sans domicile fixe donc, allait bientôt enfin se fixer éternellement.  Son corps allongé contre la façade d’un centre commerciale il perdait vie à la vue de quelques 20 badauds toutes les minutes. A l’odeur de sa mort s’ajoutait l’odeur de sa saleté, un mélange de vielle pisse, de peau morte accumulée sur tout le corps en épaisse croûte. A raison de 20 badauds toutes les minutes j’estimais à 200 badauds le terme de sa vie, dans 10 minutes je serais chez moi. Dans deux minutes je passerai devant lui, tentant désespérément d’atténuer mes sens olfactifs sous un mouchoir imbibé de lavandes.

Toute la journée je sens et ce que je ressens dans ces multiples variétés d’odeurs et de parfums ne fait qu’alimenter mon ressentiment à l’égard de ceux qui m’entourent. Je vous avouerais que mon ultime supplice n’est pas de sentir la mort, d’ailleurs j’ai établi une hiérarchie dans les odeurs que je supporte et celles qui me sont insupportables.

Je les ai classé par catégorie de sentiments ou d’intentions, la bêtise par exemple à plusieurs expressions olfactives le cancre si il est inculte ne sent pas la bêtise du prétentieux, qui dans la plus part du temps sent aussi l’envieux car pour moi le prétentieux reste le roi des cons, l’odeur du cancre est un mélange de lait maternelle et de foin coupé en été, quant au prétentieux il dégage généralement l’odeur du sucre en morceau, le goût est sucré mais l’odeur du sucre blanc en morceau sent le pétrole, doublé de l’odeur de l’envieux qui ajoute une touche amer et acide comme du caramel brûlé, mélangé à de la moutarde rance. Ce sont leur base. La bêtise est classée en 5ieme positions de mes insupportables, bien avant la mort aussi étrange que cela puisse paraître.

Je ne perçois plus qu’à l’odorat ceux qui m’entourent, je n’ai même plus besoin de les écouter, même si je ne peux pas faire autrement dans certain cas. Je n’ai plus de déception ni de surprise sur le genre humain, une odeur ne trompe pas l’éléphant qui sommeil en nous, une parole peut cacher de subtiles dérivés et circonvolutions, un air peu en cacher un autre, mais l’odeur dévoile l’antre de l’intime. Prenons l’odeur de la bonté par exemple, ce fut un long apprentissage pour mes narines, la bonté ne sent presque rien, elle sent la pierre, comment vous expliquez ; la pierre sent de l’intérieur d’elle même, son odeur est précieusement gardée à l’intérieur, elle doit s’infiltrer avec toute la volonté du monde pour émaner vers ses contours, la pierre sent la mémoire du centre de la terre. Pour la bonté c’est pareille, son aura parfumée peut aisément laisser l’odeur de la peur envahir ses arborescences (si la personne possède également la peur en elle.). Ceci dit l’odeur de la peur est la dominante de tout les êtres vivants je n’y fait même plus attention, et la peur au patchouli c’est le mauvais goût assuré. Si je traduisais cela donnerait :

-       « REGARDEZ MOI REGARDEZ MOI J’AI PEUR DE DISPARAÎTRE. »

Céline

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